Au cours des 150 dernières années, la Bienne a connu de nombreux bouleversements liés à l’activité humaine. Au XIXème siècle, il y a d’abord eu la suppression des blocs du cours d’eau à l’explosif pour laisser passer les bateliers qui déplaçaient sur l’eau les arbres coupés à destination de Lyon. Plus tard, ce sont les premiers barrages, comme celui d’Etables construit en 1930 pour la production d’électricité, qui ont bloqué le transport des sédiments d’amont en aval, et d’ailleurs, créant ainsi une incision du lit de la rivière.
La Bienne à Lavancia en 1938, des bancs de matériaux actifs et un lit majeur disponible dans son intégralité : pas d’urbanisation
Au XXème siècle, la canalisation du cours d’eau s’est prolongée avec la construction de digues, de grands ouvrages (ponts), de seuils pour les usines ou encore l’enrochement de certaines berges destiné à limiter l’érosion. Tous ces travaux ont fortement réduit la mobilité de la rivière, c’est-à-dire sa capacité à faire évoluer naturellement son lit au fil des crues et à dissiper son énergie. Il faut ajouter à cela la pollution chimique liée à l’activité industrielle qui a fait sensiblement baisser la qualité de l’eau de la Bienne.
Depuis les années 1950, l’extraction des graviers dans le lit mineur est venue renforcer cette tendance.
La Bienne exploitée par l’entreprise Di Lena en 1971 et construction de la digue de Dortan par EDF
Le site de Lavancia est le parfait exemple d’un site fortement modifié. En Effet, on retrouve :
- La construction de la digue de Dortan par EDF lors de la construction du barrage de Coiselet ;
- Le recalibrage du Merdançon dans le centre de Dortan ;
- L’exploitation massive de matériaux du lit mineur et le lit majeur ;
- L’enrochement de la Bienne pour protéger les biens et les personnes ;
- Une urbanisation importante en bordure de cours d’eau.
Aujourd’hui le tracé du cours d’eau n’évolue quasiment plus et son lit s’est enfoncé de près de 2,50 mètres par endroit. La communication avec les milieux humides latéraux est ainsi très faible, et on observe une baisse de diversité des espèces et milieux naturels présents sur le site.
La Bienne à Lavancia en 2001 : Une Bienne figée et des fosses d’extraction imposantes dans le paysage
Les crues de 1990 et 1991, qui ont marqué les habitants de la vallée, enregistrent le niveau maximum connu avec un débit instantané maximal de 822.0 m3/s le 22/12/1991 et un débit journalier maximal de 680.0 m3/s le 15/02/1990.
Dragueline emportée par la crue - Rupture de la digue du plan d’eau amont chez Dilena
Dans la lignée des travaux de Jeurre, la mise en œuvre des travaux à Lavancia s’effectuera en 2022 et reposera sur les principes suivants :
- Démantèlement des protections des berges et restauration du champ d’expansion de crue ;
- Arasement de la digue principale et comblement de la gravière amont (1,7 ha) ;
- Comblement partiel de la grande gravière aval en pente douce ;
- Démantèlement du pont (mise en charge en temps de crue) ;
- Décapage des anciens chemins d’exploitation.
Le chantier va se dérouler en deux grandes phases :
- Janvier – Mars 2022 : travaux préparatoires avec préparation des accès, déboisement des emprises, gestion des espèces invasives notamment, premiers terrassements ;
- Août – Novembre 2022 : travaux de terrassement avec suppression des remblais/digues, remodelage du lit de la Bienne et des plans d’eau, plantations…
Cette intervention permettra au cours d’eau de « respirer » et de restaurer localement une dynamique alluviale par les processus d’érosion/dépôt au sein de la bande active restaurée. Il y aura donc une meilleure connectivité latérale avec les milieux annexes.
Cette opération est réalisée par le syndicat mixte du Parc naturel régional du Haut-Jura, qui en assure la maitrise d’ouvrage au titre du Grand cycle de l’eau et de la compétence GEMAPI.
Elle s’intègre dans le cadre du contrat Haute-Vallée de l’Ain et de l’Orbe signé avec l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse.
La maitrise d’œuvre est assurée par Artelia / CD Eau Environnement.
Le montant des travaux est de 680 445 € TTC dont les financements se répartissent ainsi :
70% Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, 10 % Région Bourgogne-Franche-Comté et 20 % PNR du Haut-Jura.
Quid des parcelles et de l’ancien chemin d’accès privé ?
Une solution alternative d’accès en rive droite de la Bienne doit être étudiée par la communauté de communes. Le PNR a réalisé l’ensemble des études préparatoires (AVP, géotechnique, dimensionnement, etc…) pour aider à la mise en place de cet accès et continuera d’accompagner ce projet pour que ce secteur soit valorisé. De plus, l’ensemble des propriétaires en rive droite et en rive gauche ont été accompagné techniquement et financièrement dans la nouvelle transformation de ce site.
Contact Parc : Romain BELLIER
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