Restaurer la morphologie et la continuité écologique des rivières

Le service Grand Cycle de l’Eau du Parc du Haut-Jura met en place un programme d’actions pour restaurer les rivières de sa zone d’intervention. Ces actions sont mises en place pour maintenir le profil d’équilibre des cours d’eau et permettre leur écoulement naturel. Ces interventions contribuent également à leur bon état écologique ou le cas échéant, au rétablissement de leur potentiel écologique.

Restaurer morphologiquement les rivières et cours d’eau

La dégradation des écosystèmes fluviaux et la perte de la biodiversité aquatique se sont intensifiées au milieu du XXème siècle. Le développement urbain, industriel, agricole et les différentes politiques d’aménagement qui en découlent, en sont les principaux responsables.

Effectivement, les systèmes aquatiques d’eau douce ont été victimes d’agressions morphologiques à travers ces activités humaines. Il s’agit par exemple de construction de barrages transversaux et de digues, exploitation de matériaux alluvionnaires, protections artificielles de berges, travaux de rectification, recalibrage, curage, etc…

Site des anciennes gravières de Jeurre avant de restaurer morphologiquement la Bienne
Ancienne gravière de Jeurre avant restauration ©PNRHJ

Lexique, les interventions humaines qui dégradent les cours d’eau :

  • Curage : approfondissement en enlevant les sédiments
  • Recalibrage : élargissement d’un cours d’eau
  • Rectification : modification et redressement du profil d’un cours d’eau.

Ces interventions étaient couramment réalisées par le passé. Aujourd’hui encadrées pas la loi, elles ont laissé de nombreuses séquelles sur les cours d’eau. Certains peinent d’ailleurs à se réajuster suite à cela.

restaurer morphologiquement la Bienne au niveau des gravières de Jeurre
La Bienne au niveau des anciennes gravières de Jeurre après travaux ©PNRHJ

La restauration hydromorphologique participe à la réparation de l’intégrité écologique, en rétablissant les processus hydrologiques, géomorphologiques et écologiques.

La diversité et la naturalité de la structure du lit mineur, du lit majeur et les débits du cours d’eau déterminent largement l’état écologique d’une rivière.

Restaurer la continuité écologique des rivières

La continuité écologique des cours d’eau se définit par la libre circulation des poissons, des sédiments et de l’eau. Les connexions latérales (bras mort, zones d’expansion des crues) et verticales (nappe phréatique) doivent aussi être assurées. La fragmentation des cours d’eau par les barrages, seuils et endiguements a des conséquences lourdes sur les rivières. Cela modifie leur morphologie, leur qualité chimique et altère la survie des espèces.

Truite Fario souche méditerranéenne ©PNRHJ/R.Bellier

Qu’est ce qu’un seuil ?

En rivière, un seuil est un ouvrage, fixe ou mobile, qui barre tout ou partie du lit mineur. Il est à différencier d’un barrage qui a une emprise supérieure au lit mineur du cours d’eau.

Lobjectif des seuils était d’alimenter un canal de dérivation, exploiter la force motrice de l’eau, prélever de l’eau dans de meilleures conditions ou encore maîtriser le déplacement latéral de la rivière. Bon nombre d’entre eux n’ont plus d’usage aujourd’hui.

L’effacement d’un ouvrage est l’unique solution permettant de rétablir une continuité écologique complète et pérenne. C’est aussi la solution la moins coûteuse et ne nécessitant pas d’entretien. Pour préserver un usage ou un ouvrage patrimonial, ou encore pour des raisons d’impossibilité technique, d’autres solutions sont envisageables au cas par cas, en concertation avec les acteurs locaux. Si on ne peut pas supprimer un seuil, on peut l’araser (diminution de la hauteur) ou l’équiper (passe à poisson, rivière de contournement).

Les objectifs :

  • En effaçant les ouvrages existants ruinés ou sans usage, les poissons peuvent retrouver une liberté de mouvement plus aisée.

  • Elle façonne les cours d’eau d’amont en aval (des zones de production aux zones de dépôts à plus ou moins long terme en passant par les zones de transferts), offre des lieux de frais indispensables à la reproduction de certaines espèces et réduit le stockage des polluants dans les sédiments.

  • Supprimer les retenues permet de réduire le réchauffement, l’évaporation, l’eutrophisation et donc la diminution en oxygène des parties en amonts.

  • Ces bactéries peuvent libérer des toxines plus ou moins nocives pour les êtres vivants en amont des retenues. Elles se développent en profitant des conditions anoxique (manque d’oxygène).

     

Exemples de travaux de restaurations d’ampleur

La restauration des cours d’eau intervient à des échelles variées. Des programmes de grande ampleur ont lieux sur la Bienne et sur le bassin versant de la Valserine. Ils mobilisent d’importants moyens. Pour autant, le Parc intervient ponctuelles sur le reste du bassin versant Haute Vallée de l’Ain et de l’Orbe. L’ensemble de ces actions contribuent à protéger et restaurer rivières et cours d’eau. Le Parc intervient sur les cours d’eau où il exerce la compétence Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations (GEMAPI) .

Le Parc implique le plus possible les riverains, agriculteurs et pêcheurs dans ces projets de restauration. En effet, cela permet de les réaliser avec cohérence et concertation

Notre fédération a collaboré avec les services du Parc sur des évènements marquants. La liste et longue et nous nous en réjouissons ! Grâce à une convention annuelle les bases de notre avenir sont fortes et promettent de beaux projets.

Roland Brunet, Président de la Fédération départementale des Associations Agréées de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique du Jura

Favoriser la ripisylve et lutter contre l’érosion artificielles

Le vieillissement de la végétation, l’exploitation intensive du bois, le fauchage/broyage à ras du cours d’eau ou encore l’abroutissement par les animaux peuvent entrainer la dégradation, voire la disparition complète de la végétation. Pourtant celle-ci a un rôle majeur dans le fonctionnement équilibré de la rivière.

Dans le cadre de la restauration des cours d’eau, les travaux de protection voir de reconstitution de la ripisylve couvrent de multiples objectifs.

Plantation de ripisylve au bord de l’Orbe ©PNRHJ/S.Leroy

Les objectifs :

  • Réduire les matières en suspension, nitrates, phosphates, produits phytosanitaires.

  • Les interventions envisagées ont pour but de protéger les berges contre l’érosion en gardant une morphologie correcte et typique du cours d’eau (éviter une structure rocheuse des berges en des lieux où elle n’existe pas naturellement).

  • Il permet de limiter le réchauffement de l’eau ainsi que les variations journalières de températures.

  • en offrant des zones d’abris, de nourriture et de reproduction ;

Comme énoncé précédemment, la ripisylve a un rôle essentiel dans la lutte contre l’érosion. L’érosion correspond à l’usure du lit et des berges par l’écoulement de l’eau. Quand elle est liée à la dynamique hydraulique naturelle, le phénomène est normal. Dans ce cas il ne perturbe pas la santé du cours d’eau ni le milieu. Elle peut cependant menacer des ouvrages et des usages. Quand en revanche, l’érosion a une origine artificielle, elle peut devenir excessive et contribuer à la dégradation de la qualité du milieu.

Pour lutter contre l’érosion, différentes techniques peuvent être utilisées seules ou en complément d’aménagements. Le génie végétal fait partie des interventions envisagées pour protéger les berges de l’érosion. Cette solution vivante contre l’érosion est la plus pérenne. Elle est réfléchie pour dénaturer le moins possible les rivières jurassiennes et aindinoises.

Lutter contre les espèces invasives

Certaines espèces, introduites volontairement ou accidentellement, ont la faculté de se développer au détriment des espèces locales. Elles appauvrissent la diversité végétale et animale et sont peu efficaces dans le maintien des berges.

Lorsque leur présence est constatée, la lutte contre ces espèces végétales commence par la prise de mesures en chantier. Le but étant de ne pas répandre leur semence par le biais des engins, outils et équipements. Les plants sont alors arrachés et brulés avec toutes les précautions requises, lors des opérations d’entretien de la ripisylve.

L’objectif des interventions est de maintenir la diversité végétale en place en supprimant les espèces végétales envahissantes qui se développent au détriment des espèces locales (apport d’ombrage important, production de litière qui élimine toute autre végétation).

Restaurer les rivières en luttant contre les espèces invasives
Arrachage de Renouée du Japon sur le bord du ruisseau de Pilandre ©PNRHJ/S.Leroy

Aménager les berges des rivières pour les activités d’élevage

La divagation du bétail dans le lit des cours d’eau est source de perturbations multiples : contamination des eaux de surface par les matières organiques et éléments nutritifs et bactériologiques présents dans les déjections animales, dégradation de la végétation des berges, érosion des berges et mise en suspension des sédiments favorisant l’envasement des habitats aquatiques et risques sanitaires pour les troupeaux.

Mise en défens ©PNRHJ

La mise en défens du cours d’eau par la mise en place de clôtures, d’abreuvoirs et de dispositifs de franchissement permet de protéger le milieu tout en garantissant un abreuvement sain pour le bétail. Les aménagements agricoles sont proposés dans la mesure où l’écoulement est permanent, le cours d’eau est en bon état morphologique et l’incidence du bétail sur le colmatage du lit est avérée.

Les objectifs :

  • La végétation présentes sur les rives d’un cours d’eau est préservée en la protégeant du piétinement et du broutement répété par le bétail.

  • Le lit du cours d’eau est préservé en luttant contre la banalisation des habitats piscicoles et l’échauffement de l’eau.

  • Le colmatage consiste en dépôt et infiltration de sédiments fins de nature organique ou minérale dans les habitats aquatiques. Ce phénomène peut être réduit en limitant la mise en suspension de matériaux des berges, pouvant perturber la reproduction des salmonidés et dégrader l’habitat des invertébrés.

  • La qualité de l’eau est préservée en empêchant les animaux de faire leurs déjections directement dans le cours d’eau.

  • Réduire les risque sanitaire lors de l’utilisation des cours d’eau pour l’alimentation en eau potable, la baignade et les sports nautiques

  • Suite à la consommation d’eau contaminée, les bovins peuvent développer des mammites, gastro-entérites ou encore infestation par des douves.