Chantier de réhabilitation des tourbières du Niaizet

La zone humide du Niaizet à Lélex a fait l’objet de nombreuses opérations de drainage depuis le XIXème siècle. Des plantation d’épicéa ont ensuite été réalisées dans les années 70. Toutes ces interventions humaines ont détérioré le milieu et contribuent à son asséchement. Face à ce constat, les travaux de réhabilitation du fonctionnement hydrologique de la zone ont été inscrit au programme d’actions du Contrat de rivière sauvage Valserine 2020/2024. Animateur du contrat et maître d’ouvrage, le Parc a lancé le chantier de réhabilitation le 31 juillet 2023.

Contexte historique et naissance du projet

La zone humide du Niaizet s’étend sur plus de 9ha. Elle a fait l’objet de nombreuses opérations de drainage depuis le XIXème siècle notamment dans la tourbière centrale. Celle-ci s’est alors fortement boisée au cours des 80 dernières années. La présence d’arbre s’est amplifiée avec la plantation d’épicéa dans les années 70. Ils banalise les milieux naturels et contribuent à assécher la zone humide.

Le drainage a eu pour effet une minéralisation de la tourbe sur les 50 premiers cm de presque l’ensemble de la tourbière. Or en se dégradant, la tourbe relargue d’importantes quantités de carbone. Les drains diminuent également les capacités de stockage d’eau dans les sols. Toutes ces modifications profondes entrainent une disparition des espèces typiques de ces milieux humides.

Fort de ce constat, le Parc naturel régional du Haut-Jura s’est porté maître d’ouvrage d’un projet de réhabilitation des espaces. En interne, il a mené une phase d’étude et un conventionnement avec les propriétaires privés des parcelles. Le Parc a ensuite lancé un marché de travaux et recruté une entreprise spécialisée dans les chantiers de réhabilitation en milieux humides.

Un chantier en 2 phases

Le lancement du chantier a eu lieu le 31 juillet 2023. Les travaux se sont déroulés en 2 phases :

  • Phase 1 : abattage des 3 plantations d’épicéas au sein de la zone humide, export des bois et broyage des rémanents ;
  • Phase 2 : oblitération des systèmes de drainage du site et remise en état.

Abattage des plantations d’épicéa

Pour l’abattage des épicéas et leur exportation, l’entreprise mandatée a dû s’adapter aux contraintes liées à la fragilité des sols. Pour cela, elle a mis en œuvre, des cheminements en lit de branchage et plaques de roulement. Ce mécanisme permet d’effectuer des dizaines de rotation avec un porteur de plus de 30 tonnes en charge sans créer d’ornières. Cette première phase a duré environ trois semaines. Le chantier a été mis en stand-by durant le mois d’août période de congés estivaux.

Oblitération des drains

Fin septembre a débuté la seconde phase des travaux. Celle-ci avait pour but d’oblitérer les systèmes de drainage qui assèchent la tourbière. Le but de cette opération est de recréer des conditions hydrologiques plus proches de ce qu’elles étaient naturellement. En d’autres termes, on cherche à ralentir le transit de l’eau dans les sols et à remonter le niveau d’eau dans la tourbière.

Les équipes du Parc avaient identifié et mesuré les drains lors de la phase d’étude. Ainsi des solutions techniques adaptées à chacun (dimensions et contexte) ont été mises en œuvre. L’entreprise a donc implanté différents ouvrages en panneaux de tri-plis, des palissades en madrier ou métalliques ou des bouchons d’argiles, dans des points spécifiquement définis en fonction de la topographie.

Ces ouvrages sont implantés dans des zones sensibles au tassement. Il a donc été nécessaire de recourir à un matériel spécialise. Les engins fonctionnent à l’huile hydraulique bio et évoluent sur des plaques de répartition ou à l’aide de chenilles dites « marais » dans les endroits les plus fragiles.

Observer et laisser évoluer

La “cicatrisation” du site après travaux, devrait s’effectuer rapidement grâce notamment aux précautions prises et au savoir-faire de l’entreprise.

Site juste après les travaux en octobre 2023. Une zone appelée à évoluer rapidement dans les mois à venir

Sur certains ouvrages déjà implantés, il est d’ores et déjà possible d’observer l’eau remonter en amont. Cependant les conditions de sécheresse ne permettent pas d’apprécier encore pleinement l’effet des travaux. Les précipitations de la mi-octobre ont d’ores et déjà été bénéfiques avec une montée de l’eau observée dans la tourbière.

Le site sera suivi dans les années qui suivront pour apprécier les évolutions que les travaux auront apportés au fonctionnement hydrologique de la tourbière. D’ici 4 à 5 ans, une cartographie des cortèges de végétation du site sera réalisée afin de pouvoir être comparée à la situation d’avant les travaux.

Nos partenaires financiers

Le budget des travaux : Phase 1 : 127 109,36 € TTC ; Phase 2 : 104 555,40 € TTC