Les forêts face au changement climatique, on répond à vos questions

Le climat devient de plus en plus contraignant pour certaines espèces forestières comme les résineux. Par exemple, le climat actuel stimule le cycle de vie des scolytes. Ces coléoptères pondent sous l’écorce des arbres affaiblis, provoquant ainsi leur mort par blocage de la sève. Le Scolyte typographe est l’un des plus virulents dans le Haut-Jura. Présent naturellement en Europe, il s’attaque essentiellement aux épicéas, même sains lors des périodes épidémiques.

Cette épidémie accélère des dépérissements, les rendant plus importants et visibles. Les arbres secs forment des taches brunes/grises dans le paysage forestier. Des arrêtés préfectoraux de lutte contre le scolyte obligent les propriétaires à réaliser des coupes dites sanitaires. Les arbres secs restent néanmoins exploitables plus ou moins 1 an après leur mort. Les épicéas secs sont ainsi massivement coupés et sortis des forêts pour des raisons sanitaires mais aussi économiques.

La filière forêt-bois est fortement impactée ainsi que l’économie des propriétaires dont les Communes.

Les bois sont en premier lieu destinés aux scieries locales. Elles sont cependant dans l’incapacité de traiter tous les bois coupés, les quantités ayant considérablement augmentées dû aux obligations de coupes sanitaires et à l’exploitation accrue de ces derniers temps. Face à cette situation, il a été autorisé l’export de ces bois dans d’autres scieries françaises et même à l’étranger. Ainsi, on sait qu’une partie des bois sont exportés en Asie.

Les scolytes profitent de la faiblesse des arbres dû aux canicules (température élevée) et sécheresses (manque d’eau) répétitives. De plus, il est difficile d’agir du fait d’une détection précoce complexe. Lorsque l’on voit l’arbre sec il est déjà trop tard, les scolytes ne l’occupent plus. La détection précoce consiste en un repérage du trou réalisé par les femelles avant leur ponte, un petit tas de sciure à peine visible au pied de l’arbre. Les pièges ne sont pas efficaces contre ces insectes en période d’épidémie. La lutte est d’autant plus difficile qu’on parle de pullulation, c’est à dire des années avec plusieurs générations de scolytes.

Il est possible de lutter contre cette épidémie en favorisant :

• des forêts mixtes avec une diversité d’essences plus importante
• des prédateurs naturels des scolytes comme les pics ou encore d’autres insectes (fourmis par exemple).

Les scolytes ne touchent pas les hêtres mais ils souffrent directement de la sécheresse et la chaleur avec des défoliation visibles (perte de feuille). L’impact du changement climatique sur cette essence reste pour l’instant raisonnable dans le Haut-Jura.

Pour en savoir plus, lire les bulletins annuels du département santé forêt Bourgogne Franche-Comté

La régénération naturelle doit être le premier moteur de renouveau de la forêt. En effet les essences plus adaptées aux nouvelles conditions climatiques, notamment les feuillus, prendront naturellement plus de place dans les forêts du Haut-Jura. Hêtres, érables, tilleuls, pins sylvestres…autant d’essences présentes dans nos forêts mais qui n’ont jusque-là pas été privilégiées dans la gestion forestière. Les forêts se devront d’être plus diversifiées afin d’être plus résilientes aux aléas climatiques et aux bioagresseurs.

Les gestionnaires forestiers peuvent ponctuellement avoir recours à des plantations dites d’enrichissement. Ces quelques plantations dans un peuplement existant pourront accélérer l’obtention d’une diversité d’essence ou génétique.

La plantation massive n’est pas le modèle majoritaire sur le Haut-Jura (modèle de futaie irrégulière) et n’est pas préconisé par le Parc dans sa stratégie forêt-bois (impact sur la biodiversité, coût important, respect des sols forestiers…). Il serait également préférable d’éviter les espèces exotiques. L’utilisation de ces dernières devrait se faire dans des conditions très contrôlées telles que les îlots d’avenir de l’ONF.
Le défi des forêts haut-jurassiennes est de conserver un équilibre harmonieux entre ses différentes fonctions : exploitation forestière, accueil de la biodiversité, patrimoine paysager et espace de loisir.

Qu’est-ce qu’une forêt ? Juste des arbres ? Bien plus que des arbres, une foret c’est un écosystème complexe difficile à définir (écouter le podcast).

Du point de vue de l’exploitation forestière on peut donner quelques chiffres. Les diamètres optimums d’exploitabilité sont très variables en fonction de l’altitude et de la richesse des sols. A titre indicatif un hêtre met 100 à 140 ans à atteindre un diamètre exploitable de 45 cm, un épicéa mettra 120 à 180 ans pour atteindre un diamètre de 55cm. 

Il est difficile de répondre à cette question. Les forêts ne vont pas disparaitre mais elles seront probablement plus mixtes avec une part plus importante de feuillus. Il se peut également que certaines zones de coupe soient utilisées pour le pâturage de bétail avec des zones de pré-bois plus importantes.

L’intensification récente des travaux forestiers a provoqué de nombreuses transformations sur les paysages et les sentiers des forêts du Haut-Jura. Les exploitants doivent cependant remettre en état les zones abimée (sentiers, pâtures…).  Vous pouvez donc signaler, une fois ceux-ci terminés, toutes dégradations des sentiers balisés via l’application SURICATE ou auprès de l’ONF pour les forêts publiques.

Pour votre sécurité, il est important de respecter la signalétique indiquant des travaux.