Promouvoir la multifonctionnalité des forêts

Les forêts du Haut-Jura en bref

Dans le Parc du Haut-Jura, les forêts sont dites multifonctionnelles. Elles se caractérisent par différentes fonction et enjeux équilibrés :

    • Réservoir de biodiversité
    • Captation et stockage de carbone
    • Filtration de l’eau
    • Maintien des sols
    • Fourniture de la ressource bois
    • Savoir-faire spécifiques
    • Supports d’activités de loisirs
    • Identité paysagère

Le Parc présente un étagement de la végétation forestière important, depuis les forêts alluviales d’aulnes, de saules et de frênes de la basse vallée de la Bienne ou de la vallée du Rhône, jusqu’aux stations de pins à crochets du Crêt de la Neige. En altitude, une forêt mélangée de hêtres, de sapins et d’épicéa domine.

Ces milieux ont toujours évolué selon les activités humaines. L’Homme a notamment modifié les forêts pour subvenir à ses besoins. Dans le Haut-Jura, le mode de gestion forestier privilégié est la futaie jardinée. Ce mode de gestion est proche du fonctionnement naturel des forêts, il reste néanmoins guidé par des choix de production. Il donne un aspect naturel au milieu qui reste néanmoins fortement anthropisé et guidé par des choix humains. Par exemple, les essences résineuses ont été favorisées sur le Massif du Jura pour répondre à un intérêt économique. L’épicéa commun représente 40% de la ressource du territoire. La futaie jardinée reste un mode d’exploitation qui favorise la croissance d’espèces variées à différents stades de maturité. Cette diversité biologique du milieu permet le maintien d’espèces emblématiques telles que le Grand Tétras.

Les forêts du Haut-Jura face au changement climatique

forêts Haut-Jura pessière
Pessière d’altitude ©E.Durr

Les évolutions climatiques actuelles entraînent des impacts importants sur les forêts qui s’observent depuis 2018 par des dépérissements massifs provoqués par la succession d’années chaudes et sèches. Les dépérissements s’observent principalement sur l’Épicéa commun avec une effet accélérateur notable de son insecte ravageur le Scolyte. Les dépérissements touchent environ 7% de la surface résineuse du Parc en 2023. 

Cependant les autres essences forestières majeures (Sapin pectiné et Hêtre commun) ont également montré des signes de faiblesse notamment le sapin pectiné. Globalement les arbres en souffrance sont en augmentation toutes essences confondues. Les sols calcaires superficiels du Massif jurassien et leur faible capacité de stockage de l’eau accentuent les effets des périodes de sécheresse.

Ces impacts et caractéristiques forcent aujourd’hui les acteurs forestiers à adapter leurs pratiques. Tout d’abord, la sélection importante de l’épicéa au détriment d’une diversité d’essences plus importante affaiblit la capacité de résistance et de résilience des milieux forestiers. Favoriser la diversité dans la gestion sylvicole est aujourd’hui préconisé systématiquement.

forêts Haut-Jura
©J.Calvo

Dépérissement massifs liés aux sécheresses à répétitions et accéléré par les proliférations successives de scolytes, évolution des essences forestières, augmentation des risques incendies… Ces changements impliquent une adaptation de la gestion forestière, ce qui influencera nécessairement les fonctionnalités écologiques des milieux. Afin de préserver la multifonctionnalité de ses forêts dans le cadre de ces changement globaux, le Parc naturel régional du Haut-Jura a recours à plusieurs outils regroupés dans une feuille de route co-construite avec les acteurs de la filière : sa stratégie forêt-bois. Il a décidé en particulier de mettre en œuvre le dispositif Sylv’ACCTES sur son territoire.

Intégrer les enjeux de préservation de la biodiversité dans la gestion forestière

Les forêts du Parc abritent une faune et une flore importante et parfois même remarquable (Lynx, Grand Tétras, Sabot de Vénus…). Les oiseaux y sont particulièrement bien représentés : Grands Tétras, Gélinotte des bois, Chevêchette d’Europe, Chouette de Tengmalm, Bec croisé des sapins… Plusieurs actions et outils existent afin d’intègrer pleinement les enjeux de préservation de cette biodiversité dans la gestion forestière.

Accompagner la filière bois et gestion forestière

La production de bois, ressource renouvelable, est un pan important de l’économie du Parc. Tous les membres de l’amont de la filière bois, celles et ceux qui réalisent les travaux forestiers, l’abattage des arbres, le débardage ou encore la conduite d’engins, sont autant d’acteurs qui permettent le maintien des fonctions économiques et sociales de l’écosystème forestier. La gestion en futaie irrégulière est d’ailleurs un savoir-faire reconnu. En aval, le bois jurassien part en majorité dans la construction. Un matériaux biosourcé utile à l’éco-construction et l’éco-rénovation

Concilier les usages en forêt et sensibiliser

Randonnée, trail, VTT, ski nordique … Les forêts des montagnes du Jura offrent de nombreuses activités de plein air et sports de nature. Il faut toutefois apprendre à “partager l’espace sans laisser de trace”. Adoptons la Quiétude attitude et comprenons ces milieux. C’est une étape essentielle pour conserver un équilibre entre les différentes fonctions qu’assurent nos forêts. Nous pouvons alors connaître et respecter sa biodiversité mais aussi les professionnels qui y travaillent (bucherons, gestionnaires, débardeurs…).